Séminaire SFRI 2

EPISTEMARTS : L’épistémologie et la production d’un discours sur l’articulation entre recherche et création dans la littérature et les arts vivants

PRÉSENTATION - Argument

Les travaux des membres du CTELA (Centre Transdisciplinaire d’Epistémologie de la Littérature et des Arts vivants) favorisent la transversalité et le décloisonnement des disciplines qu’il cultive singulièrement et met en dialogue. La notion d’épistémologie, qui fera l’objet d’un séminaire régulier à partir de la rentrée 2023, en est le fil rouge. Elle sera envisagée sous l’angle tant du discours sur la connaissance que de la science en action, du processus artistique. Une attention particulière sera portée à la relation entre théories et pratiques et par conséquent à l’articulation entre recherche et création. Les enseignants chercheurs et doctorants de l’unité de recherche travaillant sur les théories et les pratiques de la littérature et des arts vivants, ce séminaire vise à trouver un équilibre entre la praxis de la recherche/création et son épistémè et à renforcer un socle théorique fédérateur autour de la notion d’épistémologie. Aussi, des séances seront ouvertes à d’autres disciplines que celles représentées au CTELA (philosophie, esthétique et théorie de l'art, histoire, épistémologie, géographie, etc.) et d’autres séances porteront sur l’épistémologie de la créativité et des savoirs en art et sur l’art afin d’explorerun périmètre et des méthodesqui cheminent entrescience, pratique et savoirs littéraires et artistiques.

Programme

  • Séance 1 : Mardi 24 septembre, Salle du Conseil. Enjeux de la recherche-création en littérature : postures et défis
    • Intervenants : Alain Beaulieu (Université Laval, Québec). Séance organisée par Béatrice Bonhomme
      • Dans cette conférence, j’aborderai les enjeux de l’enseignement de la création en milieu universitaire en proposant une définition de la recherche-création, plus spécifiquement dans le domaine littéraire. J'y parlerai des différentes approches de l'enseignement de la création aux trois cycles universitaires, et de la direction des étudiants aux cycles supérieurs (master et doctorat). En parallèle, je parlerai des différentes formes que peuvent prendre le mémoire et la thèse en création littéraire.
      • Notice bio-Bibliographique
        Alain Beaulieu est écrivain, éditeur et professeur titulaire de création littéraire à l’Université Laval de Québec.
        Son œuvre a été couronnée de nombreux prix. Son roman Le Joueur de quilles (Québec/Amérique) a été finaliste pour le Prix des cinq continents, le Prix de la Ville de Québec et du Salon du livre de Québec et le Prix des abonnés de la Bibliothèque de Québec en 2004. L’auteur a remporté à deux reprises le Prix littéraire Ville de Québec–Salon international du livre de Québec – en 2006 pour Aux portes de l’Orientie et en 2007 pour La Cadillac blanche de Bernard Pivot (Québec/Amérique). En 2010, Le Postier Passila (Actes Sud) a été finaliste au Prix du Gouverneur général du Canada et au Prix de la Ville de Québec et du Salon du livre de Québec en 2011. La même année, il a remporté le Prix à la création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la région de la Capitale-Nationale. En 2014, il a reçu le Prix de la personnalité littéraire de L’Institut Canadien de Québec pour la qualité de son œuvre littéraire, son engagement soutenu auprès des écrivains de la relève ainsi que sa contribution au milieu littéraire de la capitale.
        Son roman L’Interrogatoire de Salim Belfakir (Druide) été finaliste au Prix France-Québec 2017 et a reçu une mention d’excellence de la part des Écrivains francophones d’Amérique. Son roman Le Refuge (Druide et Liana Levi) a remporté le Prix France-Québec 2023.
        Il a publié son plus récent roman, Solène en trois actes (Druide), en octobre dernier. Il dirige actuellement le programme de DESS en création littéraire ainsi que la revue Le Crachoir de Flaubert consacrée à la création et à la réflexion sur la création en milieu universitaire.
        Site web d'Alain Beaulieu.
  • Séance 2 : Mardi 22 octobre, Séance Zoom. Recherche-création, disciplines, curiosités et science des singularités ?
    • Intervenants : Yves Citton (PR Littérature Paris 8), Séance sur zoom (séance organisée par Marina Nordera)
      • La recherche-création se confronte-t-elle à l'impossibilité longtemps proclamée de constituer une science des singularités ? Peut-elle raisonnablement prétendre inventer un nouveau paradigme à chacune de ses instanciations ? Est-elle vouée à dissoudre toute référence solide à quelque discipline que ce soit ? Telles seront quelques-unes de questions proposées à la réflexion commune, avec une incitation supplémentaire: se demander ce que quelques discours anciens et récents sur la notion de curiosité peuvent ajouter aux discussions.
      • Notice bio-bibliographique
        Yves Citton est professeur de littérature et media à l’université Paris 8. Il a été jusqu’en 2021 directeur exécutif de l’EUR ArTeC (Arts, Technologies, numérique, médiations humaines et Création). Il co-dirige la revue Multitudes, il vient de co-diriger avec Enrico Campo le volume collectif Politics of Curiosity. Alternatives to the Attention Economy (Routledge, 2024) et a publié récemment Altermodernités des Lumières (Seuil, 2022), Faire avec. Conflits, coalitions, contagions (Les Liens qui Libèrent, 2021), Générations Collapsonautes. Naviguer en temps d’effondrements (avec Jacopo Rasmi, 2020), Contre-courants politiques (2018), Médiarchie (2017), Pour une écologie de l’attention (2014), Zazirocratie (2011). Ses articles sont en accès libre
  • Séance 3 : Mardi 12 novembre, Amphi H68. En attente de titre et d’abstract
    • Intervenants : Jann Pasler (University of California San Diego) (musique/muscicologie). Séance organisée par Emmanuelle Peraldo
  • Séance 4 : Mardi 10 décembre, Amphi H68. Perspectives historiques sur l’agnotologie : Descartes, Casaubon et la production délibérée de l’ignorance
    • Intervenants : Sandrine Parageau Sorbonne Université, HDEA4086. Séance organisée par Emmanuelle Peraldo
      • Cette communication s’attachera dans un premier temps à définir l’agnotologie et ses champs d’application, depuis la publication de l’ouvrage fondateur de Robert Proctor et Londa Schiebinger, Agnotology. The Making and Unmaking of Ignorance (Stanford UP) en 2008, jusqu’aux travaux très récents qui s’en inspirent, sur l’industrie du tabac ou sur le climato-scepticisme, par exemple. On montrera ensuite que cette idée d’une production délibérée de l’ignorance, dans le but de manipuler des individus afin d’en tirer des bénéfices politiques, économiques ou intellectuels, n’est pas nouvelle. Cette communication visera en effet à démontrer qu’on peut percevoir une manifestation de l’agnotologie dès le XVIIe siècle au sein d’une polémique qui oppose le théologien Meric Casaubon à René Descartes : dans un texte manuscrit de 1668, Casaubon reproche au philosophe français de plonger délibérément ses lecteurs dans l’ignorance par la méthode du doute radical afin de les rendre vulnérables et d’en faire ses disciples. « He hath them sure » : une fois convaincus de leur ignorance, les lecteurs de Descartes, désespérés, sont à sa merci et ne voient d’autre issue que d’adhérer sans réserve à sa doctrine, un modus operandi partagé par les jésuites et les puritains, selon Casaubon.
      • Notice bio-bibliographique
        Sandrine Parageau est Professeur de civilisation britannique des XVIIe et XVIIIe siècles à Sorbonne Université. Elle vient de publier The Paradoxes of Ignorance in Early Modern England and France (Stanford University Press, 2023). Elle nous parlera d'agnotologie dans une perspective historique.
  • Séance 5 : Mardi 14 janvier, H435 VP (provisoire). La cherche : tentative indisciplinée pour se perdre mieux 
    • Intervenants : Myriam Suchet (MCF Littérature Sorbonne nouvelle). Séance organisée par Marina Nordera
      • Mon travail sur l’imaginaire hétérolingue s’est mué en indiscipline quand j’ai envisagé les hétérogénéités constitutives non seulement de « la langue » mais aussi de ma pratique d’enseignante-chercheure. Il ne s’agit pas seulement d’additionner des disciplines étanches, ni d’associer la recherche, l’action et la création en continuant à les penser de façon distincte, mais bien de suivre à chaque instant la variation continue qu’elles n’ont jamais cessé de constituer, même lorsque l’on veut les croire séparées. Penser-pratiquer un français langue étrangée invite à une hospitalité radicale, qui accueille les différentes manières d’être différent·e – à commencer par même/soi.
        Aujourd’hui, j’observe mûrir et se détacher le préfixe de la re-cherche, laissant éclore une autre forme que je propose d’appeler : la cherche. Quelle exaltation ! La cherche ne concerne pas un domaine en particulier, d’ailleurs vous l’avez sans doute déjà éprouvée en faisant la cuisine, de la musique, ou bien en bricolant : soudain, c’est ça. Elle procure la sensation d’être absolument dans l’instant. En cela, la cherche est à la recherche ce que la performance est à la représentation théâtrale : un plus-que-présent. Difficile de cerner ce qu’elle propose exactement, puisqu’elle naît de la sensation d’avoir trouvé quelque chose que l’on n’aurait jamais eu idée de chercher. Au lieu d’être une personne qui fait de la recherche, voilà que la cherche défait de la personne. La cherche passe par d’autres voies de circulation que celles qui régissent une démarche scientifique, refuse de se cantonner dans la tête comme dans l’institution, bouscule les compartimentages, engage des formes de vie, descend jusque dans les pieds et le sol où ils s’appuient. Pourtant, loin de s’opposer de façon radicale, cherche et recherche dansent ensemble. J’aimerais poursuivre avec vous ma tentative en cours pour favoriser la survenue indomptable de cette manière de chercher – qui est une piste de transformation. Dans l’actuelle déroute des paradigmes universiTerres encore dominés par les dualismes et les binarités, l’essentialisme, l’anthropocentrisme, l’extractivisme et des rapports de force néocoloniaux, je pense en avoir crucialement besoin. Et peut-être que vous aussi?
      • Notice bio-bibliographique
        Myriam Suchet cherche et se perd beaucoup. Son parcours littéraire s’est indiscipliné chemin faisant, quelque part entre la France et le Québec. Elle a soutenu un doctorat/Phd in Humanities en cotutelle entre Lille 3 et Concordia autour des enjeux poétiques et politiques d’une traduction post(dé)coloniale. Maître de conférence à la Sorbonne Nouvelle Paris 3 où elle dirige le Centre d’études québécoises depuis 2012, elle est aussi membre de l’Institut Universitaire de France. Elle a publié notamment quatre ouvrages : Outils pour une traduction postcoloniale. Littératures hétérolingues (Paris, Archives contemporaines, « Malfini », 2009), L’Imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes écrits à la croisée des langues (Paris, Classiques Garnier, 2014), Indiscipline ! Tentatives d’UniverCité à l’usage des littégraphistes, artistechniciens et autres philopraticiens (Montréal, Nota Bene, 2016) et L’Horizon est ici. Pour une prolifération des modes de relations (Rennes, Éditions du commun, 2019). Ses recherches dévoilent régulièrement leurs coulisses sur le site de Qalqalah et dans des livrets de recherche en cours aux éditions du commun. Découvrez-en plus | En savoir plus 
  • Séance 6 : Mardi 4 février, H435 VP (provisoire). Écrire par le corps. Considérations sur des pédagogies de la rencontre.
    • Intervenants : Mattia Scarpulla (Université d’Ottawa). Séance organisée par Marina Nordera
      • Présentation d’une méthodologie interdisciplinaire en création littéraire, développée entre études en danse, études littéraires et sciences sociales, durant un doctorat en recherche-création à l’Université Laval de Québec et un contrat postdoctoral en innovation sociale à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Ce parcours de recherche explore des ateliers somatiques d’écriture et des pédagogies privilégiant la rencontre des individus au sein d’une formation collective créative. Au début de la conférence, Mattia Scarpulla proposera une courte pratique somatique, suivie par un exercice d’écriture créative. Ensuite, il présentera le travail accompli en atelier en 2023, en collaboration avec différents organismes, entre Ottawa, Brest, Montpellier et Paris. Ces ateliers se constituaient de temps de pratique somatique, d’écriture et de discussion, et traitaient les thèmes de la traversée des territoires et de l’« étranger·ère en moi ». De l’introduction pratique à la communication, avec le support d’exemples écrits, Scarpulla expliquera la transmission d’acquis perceptifs et expérientiels dans la production d’une courte œuvre écrite. L’exposé en recherche-création sera argumenté en dialogue avec les recherches d’Isabelle Choinière, Paul Dirkx, Stuart Hall et Violaine Houdart-Merot.
      • Notice bio-bibliographique
        D’origine italienne, Mattia Scarpulla vit au Canada. Il est auteur et chercheur postdoctoral à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Parmi ses livres, les romans Bar Italia 90 (Tête première, 2023) et Errance (Annika Parance Éditeur, 2021), et le recueil de narrations poétiques Au nord de ma mémoire (Annika Parance Éditeur, 2020). Il a dirigé l’anthologie de nouvelles Hors de soi et codirigé Épidermes (Tête Première, 2021 et 2023). Il anime des ateliers somatiques d’écriture. Il est directeur littéraire pour les éditions Tête Première et pour les éditions Interligne. Sur ses recherches : Devenir-soma percees et Pédagogies de la rencontre crits.
  • Séance 7 : Mardi 4 mars, H435 VP (provisoire) : séance avec des doctorants du CTELA (en cours d’élaboration)
  • Séance 8 : Mardi 8 avril, H435 VP (provisoire). Face au témoignage, quelle interdisciplinarité ?
    • Intervenants : Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, CTELA - UniCA ; Charlotte Lacoste, maîtresse de conférences en langue et littérature françaises, CREM - Université de Lorraine ; Judith Lyon-Caen, directrice d'études en histoire, CRH (GRIHL) - EHESS, Paris. Séance organisée par Frédérik Detue
      • Après avoir coanimé pendant 6 ans le séminaire « Savoirs du témoignage, XIXe-XXI siècles » à l’EHESS (2016-2022), les auteurs de la présente contribution se proposent de tirer un bilan épistémologique de cette expérience de recherche interdisciplinaire, menée entre histoire et études littéraires. Il s’agira de revenir sur ce qui nous a porté·es à travailler ensemble, à partir d’une réflexion sur le sort réservé aux témoignages dans nos disciplines respectives. En effet, si l’apparition d’écrits d’un nouveau genre, au cœur des violences de masse et visant à attester de ces violences, n’a pas eu les mêmes effets en histoire et en littérature, l’objet testimonial n’en est pas moins apparu comme un défi lancé aux épistémologies de ces deux champs de recherche – défi pas toujours relevé. Longtemps considéré comme un objet para-historique par les historiens et comme un objet infra-littéraire en littérature, le témoignage s’est trouvé, dans les deux cas, marginalisé comme corpus et minoré comme événement. Rompant avec certains des réflexes disciplinaires les mieux ancrés, notre entreprise critique vise à renouveler les perspectives de recherche en considérant les témoignages comme des événements à part entière de l’histoire dont ils témoignent, et le geste consistant à témoigner en littérature de faits de violence dont on a personnellement fait l’expérience pour en attester, comme l’un des événements les plus importants de l’histoire littéraire du XXe siècle.
 
RESPONSABLES

Marina Nordera et Emmanuelle Peraldo
JOUR

Mardi
17h-19h
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ID de réunion : 989 561 1450
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