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- Soirée Noise du vendredi 5 avril 2024
à la Villa Arson -
Soirée Noise : Concert Meryll Ampe + Orchestre Inharmonique, précédé d’une conférence sonore « Des courants électriques aux ondes sonores : naufrage avec auditeur » par Céleste Gatier et Catherine Guesde
Vendredi 5 avril 2024 à partir de 19h, à la Villa Arson
Déroulé de la soirée
19h : Ouverture des portes
20h : « Des courants électriques aux ondes sonores » - Céleste Gatier & Catherine Guesde
21h : L’Orchestre Inharmonique (noise redux)
21h30 : Méryll Ampe
En ouverture de cette soirée consacrée à la musique noise Céleste Gatier et Catherine Guesde, toutes deux musiciennes et universitaires, proposent une forme hybride mêlant concert et conférence, fiction et philosophie afin d’éveiller aux enjeux esthétiques de ce type de musique autour du questionnement suivant : que se passe-t-il lorsque le son n’est plus un ensemble de mélodies, rythmes, accords à entendre, mais une suite d’oscillations, d’ondes qui circulent – un système de flux chaotiques ? Comment écoute-t-on lorsque, dans l’impossibilité de se tenir à distance des sons devenus vibrations, l’on devient corps-oreille ou corps-circuit ? Cette performance-conférence abordera la noise du côté de ses gestes (confection DIY d’instruments bricolés, manipulation en direct de dispositifs instables), de ses sonorités tantôt sauvages tantôt fragiles, et de ses écoutes (techniques, immergées, résistantes).
Ensuite, une version redux de L’Orchestre Inharmonique proposera « une improvisation certainement bruyante ». Projet initié en 2011 pour aller à l’encontre des classiques fanfares estudiantines, L’Orchestre Inharmonique de Nice est un orchestre à géométrie variable de musiques improvisées, composé d’étudiants ayant une pratique empirique de la musique basée sur des notions d’écoute collective. Tous les types instruments et voix sont admis ainsi que tout objet sonnant ou dissonant. Des masterclass sont proposées chaque année avec des invités tels Lee Ranaldo, Claire Gapenne, Jean-Marc Montera, Charlemagne Palestine ou encore très prochainement Meryll Ampe qui proposera un concert de la formation au complet le 11 avril.
En tête d’affiche on retrouvera Meryll Ampe qui présente ainsi ses performances : Méryll Ampe conçoit le son comme un médium à sculpter en temps réel et improvise à partir de sources analogiques (oscillos, filtres, drum machine). Jouant avec l’imbrication de volumes, de perspectives et de dynamiques, il crée des matières acérées et très brutes. Méryll Ampe aime également frôler les limites du son et creuse dans sa chair avec un intérêt permanent pour la rugosité et la porosité. En live, Ampe s’engage de manière instinctive et radicale, faisant appel à l’écoute du lieu et du corps qui lui sert de baromètre pour tisser des états sonores massifs qui se déploient, se croisent, se mélangent ou se décomposent. En résultent de tonitruantes salves de bruit abstrait et de saturations rythmiques
Biographie des artistes
Céleste Gatier a étudié les arts sonores et visuels à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris Cergy et réalise une thèse à la Sorbonne sur les liens entre son et architecture au Japon, notamment sur l’acoustique des pavillons de thé et l’archéologie du paysage sonore correspondant. Sa musique se concentre sur la fragilité de l’objet sonore et la réalisation en direct d’un instrument électronique qui se transforme à chaque instant. Chaque geste infime génère des nouveaux phénomènes bruitistes, instables et imprévisibles, au gré des coupures, des interférences, des courts circuits. Aux crépitements de bruits blancs s’ajoutent des voix, dans une dialectique étrange entre la froideur des fréquences blanches et des mots poèmes. Céleste aborde aussi d’autres pratiques performatives hybrides comme les conférences performances sonores sur l’économie ou la climatologie.
Catherine Guesde est maîtresse de conférences en esthétique à l’Université Paris 8, critique musicale et musicienne. Ses recherches portent sur différentes formes de radicalité sonore au sein des musiques populaires. Elle est co-autrice, avec Pauline Nadrigny, de The Most Beautiful Ugly Sound in the World : à l’écoute de la noise (éditions Musica Falsa, 2018) et a dirigé Penser avec le Punk (PUF, 2022). Sa pratique sonore explore les accidents nés de l’amplification de la guitare électrique, à la frontière entre chaos et harmonie, que ce soit en solo (Cigvë) ou lors d’improvisations collectives.
Lieu de la soirée
- Concert « Des temps et des voix » du dimanche 7 avril 2024
au Musée Chagall -
Concert « Des temps et des voix »
Dimanche 7 avril 2024 à 15h à l'auditorium du Musée Chagall
L’événement « Des temps et des voix » est constitué d’un programme de concert, inédit et pensé pour l’auditorium du musée, Le temps n’a point de Rives, précédé d’une médiation philosophique sous forme de dialogue entre Thomas Morisset (maître de conférence en philosophie à l’Université Côte d’Azur) et l’équipe artistique du concert, Eugénie de Mey et Michaël|le Grébil Liberg.
Le titre « Des temps et des voix » fait référence au fait que, si l’art musicale entremêle, les rythmes et les lignes de chant, pour faire sentir toute la densité du sensible du temps, elle entremêle aussi les voix. Par là, il faut entendre deux choses. Déjà, que le concert est un entremêlement de voix singulières : celle de la chanteuse, celle des narrateurs et narratrices des chansons et celles des compositeurs et compositrices. Ensuite que le fait même de parler de la voix, au singulier, d’une chanteuse ou d’un chanteur est davantage un problème qu’un constat : la voix chantée n’est pas la voix parlée, et les différentes techniques de phonation interrogent ce qui fait l’unité même d’une voix.
Ces différents directions convergent vers une question philosophique : celle de la nature de l’identité personnelle. La superposition des temps, l’inscription de sa vie dans des rythmes plus vastes et dans un héritage mythique mènent à interroger la part de la collectivité dans la constitution de notre individualité. D’un autre côté, la pratique du chant, par le travail gestuel et sensoriel pour contrôler et modeler sa voix, par l’incorporation de gestes et d’effort qui sont-eux même pris dans une tradition, invite en même temps à un travail sur ce qu’est notre incarnation qui enrichit autant qu’il trouble la perception que l’on a de soi-même.
Pour reprendre la métaphore utilisée par la philosophe Frédérique Ildefonse dans Il y a des dieux, il y a une « polyphonie » de notre intériorité qui est trop souvent inaperçue dans la vie quotidienne et que l’art comme le discours philosophique peuvent aider à déployer. C’est à l’ouverture à une telle « polyphonie », afin d’enrichir l’expérience esthétique du concert, que le moment de médiation philosophique espère, par ses questionnements, amener le public.
Note d’intention : Le Temps n’a point de Rives
Expérimenter les voix, expérimenter le temps, entrer en résonance avec le lieu, avec ses temporalités et ce qui le constitue ; ainsi va le travail alchimique d’Eugénie De Mey & Michaël|le Grébil Liberg, deux musiciens aux facettes multiples, qui allient musiques médiévales et contemporaines, création et re-création à travers leurs voix, voix de tête, de poitrine, une boîte à musique, une vièle à archet, une cetera øscurå aux multiples couleurs… À l’occasion de la journée “Des Temps et des Voix”, ils tisseront un concert en forme de méditation autour du temps musical, à l’écoute des vitraux de Marc Chagall et de ses toiles où il est toujours question de superpositions temporelles, bibliques, quotidiennes, oniriques : “le temps est un fleuve sans rives.”
Dans l’auditorium, trois vitraux pour les sept jours de la Création où s’entrelacent diffraction des couleurs, symboles, polychromie de rythmes, de nombres… les artistes s’en inspirent pour proposer une expérience de la durée où la voix devient le vecteur central et donne à entendre un dialogue entre eux : le temps libre, une voix qui chante, le temps mesuré, une voix qui joue, le temps circulaire, une voix qui conte, le temps déchiré, une voix qui se tait. Chant grégorien, musiques médiévales, traditionnelles et contemporaines, œuvres de l’Ars Subtilior du XIVème siècle, Machault, Messiaen, Feldman…
Biographie des artistes
Mezzo léger dans sa formation classique initiale, elle se distingue par une utilisation originale des différents registres de la voix, affectionnant aussi bien certaines parties graves en voix de poitrine que les lignes très légères des voix élevées et cristallines ou plus lyriques, aimant adapter sa vocalité selon les musiques rencontrées et laisser la part belle à l'improvisation et à l'ornementation. En 2019, elle crée TROBAR PROJECT, voué à défendre des rencontres et croisements artistiques ayant pour point de départ la musique médiévale. On peut également l'entendre au sein des ensembles La Tempête, De Caelis, Servir Antico, Arborescence, Esharêh, Why Theatre, Toasaves, Club Medieval, Le Concert Spirituel, Les Cris de Paris, Diabolus in Musica, etc. https://www.eugeniedemey.com/.
Michaël|le Grébil Liberg est un ouvrier polymorphe se situant dans la tradition des Trobars d’antan, dont la recherche se manifeste autant au travers la musique que dans la fabrication d’essais dramaturgiques, poétiques et visuels. Il oeuvre en tant qu'interprète de musique ancienne avec des ensembles comme Hesperion XXI (Jordi Savall), Alla Francesca (Brigitte Lesne, Pierre Hamon), Servir Antico (Catalina Vicens), ClubMedieval (Thomas Baeté), Toasaves (Tristan Driessens), etc. En parallèle, il explore la dramaturgie sonore pour le Théâtre et le Danse, notamment avec Michel Vinaver, Gilone Brun, Clyde Chabot ou encore Opiyo Okach.
Aujourd’hui, il relie tous ces points dans une sorte de maillage personnel trans-disciplinaire, sorte de grand atelier alchimique, talismanique et rituel qu’il nomme The Inner Chapel Initiative. Sur scène, il donne des récitals solo en interprète et improvisateur, auprès d’oeuvres de Machault, Feldman, Scelsi, Cage ou Eno… Ses compositions musicales frôlent toujours performance, théâtre et cinéma, comme une enquête de signes : Lånquidity, Le Disiseptiesme Signe, El Cant dels Sseynals, Feuilles noires, Rituel|le Levaniå... Son dernier essai cinématographique, 137, a été invité dans des festivals de cinéma à Grenade et à Gênes. C’est ainsi que, dans cet antre psychique, cherche à se transfigurer et se sublimer un envisagement du monde, une méditation mélancolique sur la nature de l’Espace Temps depuis les profondeurs de l’Inconscient, l’Aura des oeuvres à sauver plus que jamais ; ne pas perdre le principe Espérance, malgré tout. https://soundcloud.com/grebiliberg.
Lieu du Concert
Auditorium du Musée Chagall
Adresse : Musée national Marc Chagall Avenue Docteur Ménard 06000 Nice