Séminaire transdisciplinaire sur l’épistémologie et la production d’un discours sur l’articulation entre recherche et création dans la littérature et les arts vivants
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le 20 octobre 2023
11h-12h30, salle H202
Campus Carlone, En ligne
ID de réunion : 869 3516 7884
Code secret : 205005
Adeline Chevrier-Bosseau, Sorbonne Université, IUF : La traduction chorégraphique d’œuvres littéraires – A Streetcar Named Desire, par John Neumeier Tom Allen (Institut KWI pour les sciences humaines avancées), Essen : Anges, invités et sadiques : La poésie sur écran dans le cinéma de Pier Paolo Pasolini
Adeline Chevrier-Bosseau, Sorbonne Université, IUF : La traduction chorégraphiqued’œuvres littéraires – A Streetcar Named Desire, par John Neumeier
Adeline Chevrier-Bosseau est maître de conférences en littérature (poésie) américaine et études en danse à Sorbonne Université et membre junior de l’IUF. Elle est l’auteur de Emily Dickinson du côté de Shakespeare, modalités théâtrales du lyrisme (PUBP, 2020), et a dirigé le numéro spécial de la revue Cahiers Élisabéthains sur Shakespeare et la danse. Dans le cadre de son travail en recherche-création, sa première création, “Instincts for Dance, A Choreographic Translation of Emily Dickinson’s Poetry”, a été présentée à Séville en juillet 2022. Elle est également formatrice en culture chorégraphique au sein de la formation SANOS danseur- interprète https://sanos-danse.com.
Abstract : Dans cette communication, je présenterai quelques-uns des enjeux de la traduction chorégraphique d’œuvres littéraires, en prenant notamment pour exemple le ballet de John Neumeier créé à partir de la pièce de Tennessee Williams, A Streetcar Named Desire. Mes recherches actuelles s’intéressent à la manière dont on peut chorégraphier le silence, l’indicible, des affects que l’on peut transcrire par les blancs, les silences du texte, le détour par la métaphore et de nombreux autres tropes littéraires, mais dont l’incarnation sur scène pose souvent des problèmes de lisibilité pour le public. Je m’intéresse à ces questions d’une part via mon projet de recherche-création en cours sur la poésie d’Emily Dickinson, et d’autre part via une recherche plus large à travers le répertoire qui questionne la manière de chorégraphier le trauma, la violence, notamment la violence sexuelle sur la scène du ballet classique. J’examinerai donc ce qui est en jeu dans le ballet de Neumeier en replaçant ce dernier dans le contexte du ballet blanc, afin de voir comment le chorégraphe reprend ce trope du ballet classique et articule par là même ces questions du dicible/indicible, explicite/implicite, puis je m’intéresserai à la violence chorégraphique d’une perspective intermédiale, en effectuant des retours vers le texte de Williams, le film d’Elia Kazan et d’autres mises en scène de la pièce (notamment celle du Young Vic à Londres).
Tom Allen (Institut KWI pour les sciences humaines avancées), Essen : Anges, invités et sadiques : La poésie sur écran dans le cinéma de Pier Paolo Pasolini
D’Octobre 2023 à Mars 2024 Tom Allen sera chercheur international à l'Institut KWI pour les sciences humaines avancées à Essen. Il a précédemment enseigné à Paris 3, Paris Nanterre, Paris Cité, the American University of Paris et the University of Sussex. Il a récemment publié des ouvrages sur la poésie anglophone contemporaine, le cinéma européen et la sociologie et la poétique de l'incarcération de masse aux États-Unis. Il travaille actuellement à sa première monographie intitulée Care for Trapped Things : Literature and the Critique of Insurance. Sa poésie, ses traductions et ses essais critiques ont été publiés plus récemment par Earthbound press (Londres), The Los Angeles Review of Books et plusieurs d'autres magazines.
Abstract : Cette présentation examine la manière dont la poésie apparaît dans le cinéma de Pasolini. Il soutient que la manière dont Pasolini filme la poésie permet de comprendre sa théorie d'une affinité entre la poésie et le cinéma, ainsi que des jugements plus généraux sur la réalité sociale. La présentation commence par une analyse de la séquence finale de Salò, où je soutiens que la poésie d'Ezra Pound sert de bande sonore au spectacle de torture auquel se livrent les libertins du film. Ensuite, j'examine le texte de Pasolini de 1965 "Le cinéma de la poésie" et j'utilise ce texte pour lire le rôle joué par un exemplaire des poèmes rassemblés de Rimbaud dans Teorema. J’axe ensuite mon analyse sur la relation entre la récitation orale et le texte dans Il decameron et Il fiore della mille e una notte. Ce faisant, je soutiens que l'on peut observer un changement dans ces films par lequel la poésie et l'oralité passent du statut de moment fondateur d'une communauté réciproque à celui de véhicule d'un destin ambigu et violent. L'article finit avec une analyse de la présence ostensible de la lecture et de l'écriture dans Salò avant de se terminer par l'examen d'une scène vers la fin de Salò dans laquelle Pasolini semble investir une récitation de l'Évangile d'une force perturbatrice qui fait par ailleurs défaut dans son dernier film.